Publié le 18 mars 2021 Mis à jour le 18 mars 2021
Depuis 2011, l'Atlantique tropical est confronté à une prolifération massive des macroalgues Sargassum Natans et Sargassum Fluitans, avec de graves conséquences environnementales et socio-économiques. Une hypothèse propose que cette prolifération résulte d’une augmentation des apports en nutriments provenant des fleuves tropicaux, en réponse au changement climatique, à l'utilisation des terres et/ou à l'urbanisation croissante.

Une étude coordonnée par le LEGOS/OMP dans le cadre du projet ANR FORESEA et impliquant océanographes, hydrologues et biologistes, a cherché à évaluer le rôle des grands fleuves tropicaux sur cette prolifération. Les flux d’azote et de phosphore dissous et particulaires des trois plus grands fleuves de la planète (Amazone, Orénoque, Congo), ont été estimés mensuellement à partir de données in-situ et de données satellites acquis ces 15 dernières années par le SNO HYBAM. Les mesures montrent que l’évolution et la variabilité de ces apports de nutriments ne sont pas corrélées avec l’augmentation massive des Sargasses ou leur variabilité interannuelle. De manière complémentaire, les détections satellites de Sargasses ont montré que seulement 10 % de la biomasse annuelle de Sargasses était colocalisée dans des régions sous l'influence des panaches fluviaux. Bien que les effets de la déforestation et de la pollution sur ces grands bassins fluviaux soient très préoccupants, ces résultats indiquent que les changements hydrologiques et biogéochimiques qu’ils subissent ne sont pas les moteurs de la prolifération des Sargasses. L'origine des nutriments qui alimentent la croissance des Sargasses ainsi que les mécanismes de variabilité interannuelle restent à élucider.

Voir l'article en ligne sur le site de l'Institut national des sciences de l'Univers du CNRS et sur le site de l'IRD.
Algue sargasse, vue sous-marine,
© IRD - Laure André