Publié le 22 mars 2022 Mis à jour le 22 mars 2022

Dans le cadre du mois de l’égalité, la Mission Égalité femmes-hommes lutte contre les discriminations met à l’honneur le programme de mentorat Femmes & Sciences – CBI PhD programme. De plus en plus de jeunes doctorantes font appel au mentorat pour rencontrer d’autres femmes scientifiques, prendre confiance en elles et bénéficier d’un soutien privilégié. En intégrant un programme de ce type, elles ont l’occasion de rencontrer des mentores qui s’engagent à aider d’autres femmes, notamment pour les aider à progresser dans leur carrière. Pendant les trois prochaines semaines, découvrez les portraits croisés de mentores et de mentorées. Ensemble, elles reviendront sur leur ressenti et leur expérience au sein du programme.


Depuis 2017, le groupe Occitanie-Ouest propose chaque année à une trentaine d’étudiantes des écoles doctorales de l’université Toulouse III – Paul Sabatier, idéalement en première ou deuxième année de thèse, d’intégrer dans leur parcours de formation, la participation au programme de mentorat, Femmes & Sciences – CBI PhD programme. Ce programme, coordonné par Julie Batut (chercheuse CNRS – Centre de biologie intégrative (CBI) – membre de Femmes & Sciences) a pour objectif d’accompagner essentiellement les doctorantes et de les inciter à construire leur projet de carrière, en réfléchissant aux possibilités et aux choix qui s’ouvrent à elles, avec l’aide de personnes d’expérience et de confiance qui seront leurs mentors ou mentores. Ce dispositif permet à un binôme de volontaires mentore/ doctorante, sans lien hiérarchique, de s’intégrer dans une démarche d’enrichissement mutuel et de partager leurs connaissances, leurs expériences, leur soutien et leurs encouragements.
 

Mois égalité
Mois égalité
Zoom sur Anne Mazars et Marie Zilliox, binôme de la promotion 2019– 2020. Anne Mazars, ingénieure de recherche INSERM a été, pendant un an, la mentore de Marie Zilliox, actuellement en thèse au Centre de Biologie Intégrative (CBI).

  • Pouvez-vous nous dire qui vous êtes et présenter votre parcours universitaire et professionnel ?
Anne Mazars : J’ai quitté mon Aveyron natal et réalisé tout mon parcours universitaire à l’université Toulouse III – Paul Sabatier. J'ai commencé mon parcours professionnel dans la recherche lors d'un stage de DEA en pharmacologie moléculaire, pharmacologie expérimentale et métabolisme à l’hôpital Saint-Antoine à Paris. Puis, j’ai fait une thèse de doctorat en biochimie et biologie moléculaire dans ce même laboratoire. J'ai poursuivi mon activité de recherche en cancérologie en effectuant des contrats à durée déterminée dans l'industrie pharmaceutique et les biotechnologies, à travers la France et dans un laboratoire public à Toulouse. Fin 2007, j’ai passé un concours et depuis janvier 2008, je suis ingénieure de recherche INSERM. De 2008 à 2015, j'ai exercé mes fonctions à l’hôpital Saint-Louis à Paris, avec, pour projet, la validation, en modèles cellulaires mammifères, de composés issus de criblages in silico et in vitro. Enfin, depuis mars 2015, je conduis des projets de développements technologiques en imagerie à l'Institut des maladies métaboliques et cardiovasculaires (I2MC) à l’hôpital Rangueil à Toulouse.

Marie Zilliox : Je suis actuellement en troisième année de thèse au Centre de biologie intégrative, au sein de l'unité Moléculaire Cellulaire et Développement, à Toulouse. Je travaille dans l'équipe du Dr. Patrick Blader, aux côtés du Dr. Julie Batut, pour comprendre les mécanismes de migration et de compaction des cellules pour former un organe dans le cerveau de l'embryon du poisson zèbre. Je suis née et j'ai grandi en Alsace. Après avoir obtenu mon bac scientifique, je suis entrée à l'université de Strasbourg où j'ai effectué une licence en biologie cellulaire et physiologie des organismes. À la fin de ma licence j’ai découvert ce qui me plaisait : étudier des mécanismes cellulaires lors du développement embryonnaire. Ainsi, j’ai décidé de partir à Marseille pour effectuer un master spécialisé en biologie du développement, cancérologie et neurologie. Au cours de mes stages de master, j'ai compris qu’étudier la formation d’un tissu, la migration cellulaire et l’imagerie sur le vivant était ce qui me plaisait dans la recherche. J’ai donc décidé de continuer ma formation et de commencer une thèse dans une équipe de recherche qui partageait cet intérêt. C'est ainsi que j'ai contacté Julie Batut et Patrick Blader et après avoir obtenu le concours de l'école doctorale, j'ai commencé ma thèse en octobre 2019 à leurs côtés.

 
  • Comment avez-vous eu connaissance du programme de mentorat de Femmes & Sciences ?
A. M : J’ai découvert Femmes & Sciences et en particulier le programme de mentorat grâce à une collègue et amie. Elle m’a suggéré de rencontrer Julie Batut lors d’une réunion de présentation du programme de mentorat. Quelle bonne idée et quelle belle découverte !

M. Z : J'ai eu connaissance du programme de mentorat Femme & Sciences grâce à un mail diffusé dans le laboratoire et un article paru dans la "gazette du CBI", le petit journal qui recense les évènements et informations de notre laboratoire.


 
  • Quelles raisons vous ont amenées à intégrer le programme ? Aviez-vous certaines attentes ?
A. M : J’ai décidé de tenter l’aventure du mentorat sans avoir d’attente particulière. En revanche, j’avais quelques doutes sur mon rôle de mentore. J’ai aimé la façon de former les binômes mentor-mentoré via le speed-mentor. Avec 3 mots clés qui nous définissent, 3 mots clés sur notre sujet de recherche / thèse et 3 minutes de discussion, nous avons fait connaissance. J’ai rencontré Marie et j’ai immédiatement adoré son dynamisme et son optimisme ! Notre binôme est unique et nous nous sommes mutuellement choisies par affinité humaine. Via ce programme, je souhaitais partager mon expérience et mes réseaux professionnels.

M. Z : En débutant ma thèse je savais que les charges de travail et mentale allaient être lourdes. Je suis très bien entourée par mon équipe mais il me semblait important d'avoir quelqu'un d’externe au laboratoire avec qui parler. C’est lors du speed-mentor que j’ai rencontré Anne, ma mentore. En seulement quelques minutes nous nous sommes choisies mutuellement. Et c’est à ce moment-là que notre aventure de mentorat a commencé. Nous nous voyons lorsque l’une de nous a besoin de parler ou d’être conseillée. C’est très important pour moi car en dernière année de thèse, j’ai beaucoup de questions à lui poser !

 
  • Que vous-a-t-il apporté ?
A. M : La pandémie nous a un peu compliqué la tâche mais notre binôme a tenu le choc. Nous savons que l’autre est toujours disponible pour un conseil, pour partager un moment complice … ou une recette de cookie.

 
  • En avez-vous parlé autour de vous ? À d'autres doctorantes ?
A. M : J’ai en parlé dans mon institut et dans mon entourage. Le tutorat commence à se mettre en place à l’I2MC, sous un format un peu différent.

M. Z : J'en ai parlé à des doctorantes issues d'autres laboratoires et d'autres régions où le mentorat n'existe pas encore.
 
  • Que pensez-vous de la place des femmes dans les sciences aujourd’hui ?
A. M : Peu à peu, les femmes scientifiques sortent de l’ombre : associations, tutelles, et autres mettent en lumière les femmes scientifiques, leurs métiers, leurs parcours, leurs recherches, leurs découvertes exceptionnelles. Je me souviens avoir découvert par hasard l’exposition « La Science taille XX elles », créée par le CNRS et l’association Femmes et Sciences pour célébrer le rôle de femmes scientifiques toulousaines ambassadrices de la science, à travers de grands portraits affichés dans les vitrines d’un grand magasin du centre-ville de la ville rose. Quelle joie de voir le portrait de Fatima L’Faqihi-Olive et de dire à ma fille de 5 ans « je la connais, je travaille avec elle » ! Je me souviens enfin de cette visite, organisée par Les Petits Débrouillards, Femmes et Sciences et le CNRS, qui nous avait conduits à travers les rues de Toulouse « à la découverte des femmes scientifiques remarquables ». Un parcours théâtralisé en 5 étapes, de la place de la Daurade à la place du Capitole pour découvrir une douzaine de femmes scientifiques dont les noms pourraient sans rougir, être gravés sur des plaques de rue. Cette visite était menée par une historienne, Sonia Moussay, une comédienne, Sylvie Bruyère et des femmes scientifiques d’exception, dont certaines sont peut-être dans votre laboratoire.

M. Z : J’ai la chance de pouvoir participer à des interventions grand public pour parler des scientifiques. Heureusement, il y a des organisations qui mettent en lumière les femmes scientifiques actuelles et du passé. J'ai l'impression, en tout cas en biologie, qu'il y a autant de doctorantes que de doctorants mais peu de jeunes chercheuses décident de continuer dans le domaine de la recherche scientifique après leur thèse. J’ai espoir que cela évolue doucement !