Publié le 1 octobre 2020 Mis à jour le 2 octobre 2020

Doctorante en co-tutelle entre le Centre de recherches sur la cognition animale – Centre de biologie intégrative (CRCA-CBI – CNRS / UT3 Paul Sabatier) et le Cognitive neuropathology group, à l’université Macquarie de Sydney en Australie, Coline Monchanin étudie l’impact des métaux lourds sur le comportement et la cognition des abeilles. Découvrez son parcours, ses motivations et ses projets futurs à travers quatre questions.

 

Pourquoi vous être orientée vers la recherche ?

Je suis passionnée par la biologie depuis mon plus jeune âge (j’ai grandi à la campagne entourée par la nature et les animaux qui m’ont toujours fascinée) et ma curiosité m’a toujours poussée à essayer de mieux comprendre le monde qui nous entoure et l’œuvre formidable de la nature. J’ai donc très vite réalisé qu’une carrière scientifique serait pour moi l’opportunité de pouvoir me poser des questions et de tenter d’y répondre, tout en apprenant un peu plus chaque jour. En 2011 (alors étudiante en classe préparatoire aux grandes écoles), j’ai participé à une expédition scientifique avec l’ONG Objectif Sciences International au Kirghizistan pour étudier et protéger la panthère des neiges, félin en grand danger d’extinction. J’ai notamment pu soutenir des actions locales pour la sauvegarde de ce félin méconnu, via la collecte et l’analyse de données de terrain articulées autour de la prise de conscience des volontaires et de la population. Ainsi, j’ai réalisé qu’il était possible, à mon échelle, d’apporter ma pierre à l’édifice et de contribuer au développement des connaissances scientifiques, avec un réel impact sur le monde et la société. Ceci a confirmé mon souhait de me lancer dans une carrière scientifique.

 

Quel est le sujet de vos recherches actuelles ?

Les insectes pollinisateurs, tels que les abeilles, jouent un rôle essentiel pour la biodiversité et l’humanité. Or, ils font face à de nombreux facteurs de stress environnementaux (pollution, changement climatique, malnutrition, parasites) pouvant nuire à leur survie et leur comportement. Les métaux lourds représentent un problème de santé publique et les connaissances concernant leurs effets sur les abeilles sont quasiment inexistantes. L’objectif de mes travaux est de comprendre l’impact des métaux lourds sur le comportement et la cognition des abeilles en développant une approche intégrative allant de l’observation des colonies jusqu’au fonctionnement de leur cerveau. Grâce à mes résultats, j’espère faire un pas significatif vers une meilleure compréhension du déclin des pollinisateurs afin de l’enrayer.





© Fondation L'Oréal

 

Quels conseils donneriez-vous à une jeune lycéenne / étudiante qui aimerait se lancer dans une carrière de chercheure mais n’ose pas ?

Mon conseil, c'est d'oser, persévérer et surtout ne pas se décourager. La science attise la curiosité et appelle à se poser toujours plus de questions et à avoir envie d’y répondre. On ne maitrise jamais complètement un sujet et il y a toujours plus à apprendre et découvrir, ce qui en fait un métier passionnant et stimulant. Les femmes peuvent apporter une sensibilité (empathie), un point de vue différent de celui des hommes, et cette diversité est importante, notamment dans la science. La science a besoin de diversité et il faut que les jeunes femmes en prennent conscience et osent s'orienter vers ce type de carrière. Ce ne sera pas forcément toujours facile, mais c'est souvent pour le meilleur, tant ce métier est épanouissant.

 

À quels projets allez-vous consacrer l’argent de la bourse qui vous a été attribuée ?

Le programme Jeunes Talents représente pour moi une opportunité unique d’atteindre l’objectif de ma carrière : contribuer à des projets de recherche fondamentale et de conservation. Une meilleure compréhension des interactions écologiques complexes peut permettre d’atténuer les facteurs de stress affectant les écosystèmes menacés. Grâce à cette bourse, je vais pouvoir poursuivre mes actions de sensibilisation auprès du grand public sur la problématique de la pollution aux métaux lourds et du déclin des pollinisateurs. A plus long-terme, cette bourse va me permettre d’initier plusieurs projets de recherche en écologie corallienne suite à ma thèse. Les récifs coralliens, tout comme les pollinisateurs, fournissent de nombreux services vitaux pour l’humanité. Or les activités humaines (changement climatique, pollution etc.) menacent l’intégrité et la résilience de ces précieux écosystèmes.  Il est donc impératif de mieux comprendre les menaces pesant sur les « forêts tropicales de la mer » afin d’aider à leur sauvegarde et préservation. Grâce à cette bourse, je vais également pouvoir participer et présenter mes travaux à la Conférence internationale sur les récifs coralliens (ICRS) en 2021 en Allemagne.


Découvrez le portrait des trois lauréates 2020.