Publié le 7 juillet 2021 Mis à jour le 7 juillet 2021
La composition chimique de l'océan a une incidence sur la qualité de l’eau et la pollution du littoral, mais également sur l’ensemble de la vie marine et sur le climat global. Elle est ainsi un objet d’étude privilégié pour les chercheurs, qui y surveillent notamment le parcours des éléments chimiques issus des continents. Pour quantifier ces flux de poussières, les géochimistes s’appuient sur l’aluminium concentré dans la matière continentale.

Une équipe internationale pilotée par des scientifiques du Laboratoire d'études en géophysique et océanographie spatiales (LEGOS/OMP - CNRS/IRD/CNES/UT3 Paul Sabatier) a entrepris de mesurer les concentrations d’aluminium dans l’océan Atlantique Nord (entre Tenerife et la Guadeloupe), sous le panache des poussières sahariennes, dans le cadre de la campagne GEOTRACES 2017 GApr08. Grâce à l’utilisation d’outils innovants, leur travail a permis pour la première fois de montrer que les concentrations d’aluminium mesurées dans les eaux de surface de cette région dépendent autant des courants marins que des vents chargés de poussières. Cela signifie notamment que les précédentes estimations de flux de poussière basés sur les mesures d’aluminium et négligeant les courants marins dans cette région seraient sous-estimées d’un facteur 2. Cette étude met également en évidence le rôle des apports côtiers résultant de l'érosion par ruissellement et transportés au large par ces courants dans les concentrations d’aluminium mesurées. A ce titre, l’érosion des Petites Antilles est la cause la plus probable des fortes concentrations d’aluminium retrouvées dans les eaux de surface de la Guadeloupe. Les courants marins semblent aussi expliquer la majeure partie de la variabilité des concentrations d’aluminium en profondeur.

Dans l'ensemble, cette étude souligne le rôle fondamental et pourtant généralement négligé, des courants marins sur la distribution d’aluminium dans les océans, en surface comme en profondeur. Prendre en compte ces courants permettra de mieux comprendre l'origine, le transport et le devenir de la matière apportée par les continents dans l'océan et de mieux en quantifier les flux.

Lire sur le site de l'Institut des sciences de l'Univers du CNRS.