GéoTolosa 2025 : "La régénération d'écosystèmes complexes prend un temps extrêmement long, même à l'échelle géologique"

La période couverte par GeoTolosa2025 est large : elle va du Dévonien au Permien, entre environ 400 et 250 millions d'années avant notre ère. Quelles transformations majeures se sont opérées à ce moment ?

C’est une période marquée par d’importants bouleversements climatiques, géologiques et biologiques. Sur le plan climatique, cette période comprend l’ère glaciaire du Permo-Carbonifère, qui a duré près de 60 millions d’années – la plus longue glaciation connue des 700 derniers millions d’années. Le registre géologique nous permet d’étudier la dynamique du climat à l’œuvre pendant cette ère, et mieux comprendre comment celle-ci s’est installée, après un climat globalement chaud au Dévonien, puis la façon dont elle s’est terminée pour laisser place, au Permien supérieur, à une période particulièrement chaude et aride.

D’un point de vue géologique, la surface de la Terre s’est profondément transformée avec la disparition et l'apparition de nombreux océans tandis que les continents fusionnaient en un supercontinent, Pangée. Parallèlement, les océans ont été colonisés par des organismes variés et des chaînes alimentaires complexes s'y sont mises en place. Sur la surface de la Terre, c'est l'apparition des grands arbres, des premières forêts et des premiers vertébrés tétrapodes et des organismes volants. Toutes ces mutations ne peuvent pas être comprises séparément. Elles sont interconnectées, influençant mutuellement le climat, la tectonique et la biosphère.

L’un des défis abordés par le congrès GéoTolosa 2025 est d’abord d’ordre méthodologique et structurel : pour la première fois, différentes communautés scientifiques, qui ont historiquement l’habitude de se réunir séparément, sont rassemblées au sein d’un même congrès pour renforcer les échanges interdisciplinaires. Une part des participants au congrès s’attache à l’amélioration de la lecture du temps et des marqueurs climatiques enregistrés par les roches afin d’en proposer des calendriers les plus fins possibles. Ils sont stratigraphes, paléontologues, spécialistes des environnements passés. D’autres sont spécialisés dans la reconstruction de la dynamique des plaques et des chaines de montagnes qui ont bouleversé la surface du globe. Enfin, une part de la communauté se consacre au défi des géoressources qui sont au centre de la transition écologique et énergétique. 

Des analogies peuvent être faites avec les changements climatiques actuels. Par exemple, à la fin du Dévonien, il y a environ 360 millions d'années, les récifs coralliens ont subi une extinction complète et n'ont réapparu qu'après plus de 20 millions d'années. Cela montre que, même si la nature possède une incroyable capacité de résilience, la régénération d'écosystèmes aussi complexes prend un temps extrêmement long, même à l'échelle géologique. Ce constat souligne l'urgence de préserver les récifs coralliens actuels, qui sont menacés par le réchauffement climatique, l'acidification des océans et d'autres pressions environnementales. Chaque effort de conservation, même minime, est crucial pour transmettre un monde où ces merveilles naturelles continueront à jouer leur rôle essentiel dans le système Terre.

L’organisation de GéoTolosa 2025 représente une opportunité majeure de valorisation pour l’université et pour l’ensemble de la communauté scientifique locale. Ce congrès renforce la visibilité, à l’échelle nationale et internationale, des thématiques de recherche et des spécialités portées par les chercheurs toulousains. Leurs travaux reflètent le dynamisme et l’excellence d’une recherche de pointe au sein de l’Université de Toulouse. L’événement met également en lumière le rôle central que joue la communauté scientifique toulousaine dans l’étude de cette période clé de l’histoire de la Terre. La culture de dialogue et de collaboration interdisciplinaire que GéoTolosa promeut à une échelle internationale est déjà bien ancrée localement. Ce congrès est donc aussi une vitrine pour notre capacité à travailler ensemble, au croisement des disciplines, pour faire avancer la connaissance de divers aspects du système Terre du Paléozoïque.

Nous espérons que cette visibilité renforcée sera une juste reconnaissance du travail collectif fourni pour organiser cet événement d’envergure. Le choix d’organiser le congrès sur le campus de l'université vise à démontrer, si besoin en était, la capacité de l’université à accueillir ce type de manifestation sur la place toulousaine.

Les excursions sur le terrain jouent un rôle essentiel en géologie. Cette discipline repose fondamentalement sur l’observation directe des roches, des structures et des paysages en situation. Aller sur le terrain n’est donc pas un simple complément, mais une démarche en amont du métier de géologue. La région autour de Toulouse, notamment les Pyrénées, l’Albigeois et la Montagne Noire, offre un patrimoine géologique exceptionnel et diversifié en lien direct avec notre période d’étude. 

Pour de nombreux participants, en particulier les chercheurs internationaux, ces excursions sont une occasion unique d‘examiner ensemble des éléments clé et d’en débattre. Voir le terrain de ses propres yeux donne une autre dimension à la compréhension et de la réflexion scientifique. Une publication prend une tout autre valeur une fois que le terrain a été visité. C'est donc un ambassadeur de notre région et de son patrimoine géologique. Certains participants choisissent même de prolonger leur séjour après le congrès afin d'explorer plus en détail la géologie régionale !