Publié le 10 avril 2020 Mis à jour le 10 avril 2020
Excellentes navigatrices, les fourmis retrouvent toujours leur chemin jusqu’au nid. Mais comment réagissent-elles lorsqu’un obstacle ou un prédateur vient leur bloquer la route ? Une équipe internationale impliquant Antoine Wystrach, chercheur CNRS au Centre de recherche sur la cognition animale (CRCA-CBI - CNRS/Université Toulouse III – Paul Sabatier) démontre que les fourmis sont capables, pour éviter les pièges, de changer de trajectoire grâce à un mécanisme d’apprentissage aversif : en associant des repères visuels à des expériences négatives, elles mémorisent les traces d’un parcours potentiellement risqué. C’est ce que les scientifiques ont découvert en « piégeant » des fourmis du désert(1).
 


Cataglyphis fortis © Cornelia Buehlmann


Melophorus bagoti © Antoine Wystrach

Ils ont placé sur leur route un puit aux parois glissantes avec pour seule issue une petite rampe de sortie masquée par des branchages. Lors de leur premier passage, toutes les fourmis foncent - à près d’1 m/s - vers le nid et tombent dans le piège. Mais rapidement, dès la course suivante, elles modifient leur comportement. A l’approche du trou, certaines d’entre elles s’arrêtent pour scruter leur environnement avant de virer de bord pour le contourner et regagner le nid en toute sécurité. Les chercheuses et chercheurs montrent ainsi que leurs souvenirs visuels, vécus quelques secondes avant de tomber, sont associés rétrospectivement à la chute.

Ces résultats sont publiés dans Current Biology, le 9 avril 2020. Le but, pour les scientifiques, est désormais de les intégrer à leurs modèles neuronaux afin de mieux comprendre la grande complexité du système nerveux des insectes.

(1) Les chercheurs ont étudié deux espèces : Melophorus bagoti d’Australie et la Cataglyphis fortis du Sahara.

Voir en ligne sur le site de la Délégation régionale Occitanie Ouest du CNRS.