Publié le 31 août 2022 Mis à jour le 5 septembre 2022

Avec des nouvelles méthodes d'évaluation du changement climatique, des chercheurs du Laboratoire d'études en géophysique et océanographie spatiales (UT3, CNES, CNRS, IRD) arrivent à un résultat alarmant : les océans sont plus sensibles qu'attendu aux émissions de gaz à effet de serre. Autrement dit, la réduction d'émission de ces derniers devra encore être plus importante que celle convenue par les accords de Paris.

La sensibilité climatique représente l’augmentation de la température de surface de la Terre pour un doublement de la concentration atmosphérique de gaz à effet de serre (GES). Une équipe de scientifiques du Laboratoire d’études en géophysique et océanographie spatiales et du centre national de recherches météorologiques (CNRM / CNRS / Météo France) a estimé cette sensibilité. Les résultats montrent que le climat est plus sensible que prévu aux émissions de GES. Cela suggère que les réductions d’émissions de GES devront être encore plus importantes pour tenir les engagements des accords de Paris, ainsi que les recommandations du dernier rapport du GIEC1.

Les scientifiques ont développé une nouvelle méthode pour estimer la sensibilité climatique à partir d’observations historiques du contenu en chaleur de l’océan, des températures de surface et d’une reconstruction du forçage radiatif2. Cette étude se distingue des précédentes études observationnelles sur trois points  :
  1. elle ne s’appuie que sur des données récentes (depuis 1971)
  2. elle utilise une régression de toutes les données disponibles sur les dernières décennies, alors que les autres études calculent la différence entre un état moyen récent est un état moyen préindustriel qui demeure très incertain
  3. elle corrige les estimations historiques du bilan d’énergie de la Terre du biais généré par l’effet radiatif de la distribution régionale des températures de surface, qui permet de passer d’une estimation de la sensibilité climatique en situation d’évolution transitoire du climat vers la sensibilité climatique d’équilibre (i.e. à long terme), qui est la métrique idéale recherchée.
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1 Le sixième rapport du GIEC, publié en août 2021, a réévalué à 2°C la borne inférieure de la sensibilité climatique contre 1,5°C dans le précédent rapport de 2013. Les recommandations des accords de Paris sont de maintenir l’augmentation de la température mondiale en dessous de 2°C, ces recommandations sont donc remises en question dans cette étude.

2 Un forçage radiatif positif tend à réchauffer le système (plus d'énergie reçue qu'émise), alors qu'un forçage radiatif négatif va dans le sens d'un refroidissement (plus d'énergie perdue que reçue).