Publié le 29 août 2022 Mis à jour le 29 août 2022

Les analyses des prélèvements du rover Perseverance le confirment : il y a eu de l'activité volcanique sur Mars. C'est ce que dévoile, en partie, une équipe internationale, impliquant notamment des scientifiques de l'Institut de recherche en astrophysique et planétologie (UT3, CNRS, Sorbonne Université, Muséum national d'histoire naturelle) et de l'Institut de mécanique des fluides de Toulouse (UT3, Institut national polytechnique de Toulouse).

Le 21 février 2021, le rover Perseverance de la NASA atterrissait sur Mars dans le cratère Jezero. En octobre, le rover confirmait l’intérêt de son site d’atterrissage : le cratère Jezero abritait bien un lac il y a 3,6 milliards d’années. Quatre publications parues le 25 août 2022 dans Science et Science Advances décrivent les découvertes géologiques faites par Perseverance dans le fond du cratère.

Les premières analyses sont surprenantes : les scientifiques n’ont pas observé les roches sédimentaires formées par l’accumulation de sable et de boue qu’ils s’attendaient à trouver dans un ancien environnement aquatique, mais ont identifié à la place des roches magmatiques dérivant de processus volcaniques profonds ou de surface. Certaines de ces roches se sont formées par l’accumulation de grains millimétriques d’olivine, comme on en trouve dans certaines météorites martiennes. La présence de ces roches grenues à la surface de Mars est étonnante. En effet, sur Terre, de telles roches se forment en profondeur dans des chambres magmatiques par refroidissement lent du magma, puis sont exhumées à la surface par l’érosion et la tectonique des plaques. Au-dessus de cette unité, des roches de composition basaltique ont été identifiées, probablement mises en place par des coulées de lave plus tardives. Par ailleurs, l’observation de minéraux secondaires témoigne d’une altération due à l’eau de toutes ces roches. Ainsi de l’eau liquide a bien circulé après leur formation : soit durant l’épisode lacustre qui a permis la formation du delta, soit à l’occasion d’écoulements aqueux postérieurs.
 

Image RMI de la roche Cine par l’instrument SuperCam montrant la texture de cumulat grenu riche en olivine. L’olivine est le premier minéral à cristalliser lors des processus magmatiques dont il est un excellent traceur. © NASA/JPL-Caltech/LANL/CNES/CNRS/
Image RMI de la roche Cine par l’instrument SuperCam montrant la texture de cumulat grenu riche en olivine. L’olivine est le premier minéral à cristalliser lors des processus magmatiques dont il est un excellent traceur. © NASA/JPL-Caltech/LANL/CNES/CNRS/




Image RMI de la roche Cine par l’instrument SuperCam montrant la texture de cumulat grenu riche en olivine. L’olivine est le premier minéral à cristalliser lors des processus magmatiques dont il est un excellent traceur.

© NASA/JPL-Caltech/LANL/CNES/CNRS/IRAP


A ce jour 12 échantillons de roches ont été récoltés pour être rapportés sur Terre en 2033. Ces quatre publications démontrent que ces premiers échantillons ont un fort potentiel scientifique pour des problématiques géologiques (magmatisme, champ magnétique passé, géochronologie, etc.), géochimiques (cycle de l’eau et du carbone) mais aussi exobiologiques, car ce type de roches altérées est connu pour constituer une niche pour la Vie sur Terre et pour en préserver des traces fossiles sous forme de biosignatures.

L’instrument franco-américain Supercam a largement contribué à ces découvertes par l’imagerie de la texture des roches grâce à sa caméra à très haute résolution, et par l’analyse de leur chimie et de leur minéralogie grâce à ses différents spectromètres. SuperCam a réalisé plus de 1400 analyses qui documentent précisément la géologie le long de la traverse du rover et a réalisé une prouesse technologique sans précédent en acquérant les premiers spectres Raman et infrarouge à la surface de Mars.

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