Publié le 7 novembre 2025–Mis à jour le 7 novembre 2025
L'Université de Toulouse accueillera la journée occitane de psychomotricité, le samedi 15 novembre. Cet événement sera l'occasion de réfléchir à la relation complexe entre émotions et motricité, et aux implications de cette connexion dans la pratique psychomotrice, tant dans les domaines théoriques que cliniques. Carole Ducoing, psychomotricienne à l'Institut de formation en psychomotricité (IFP) et Elodie Martin, psychomotricienne à l'IFP et dans le laboratoire Tonic, font le point sur cette journée.
Qu'est-ce qui a motivé le choix du thème "émotion et motricité" pour cette 3ème édition du colloque ?
Les journées occitanes de psychomotricité (JOP) font suite aux journées toulousaines de psychomotricité qui ont évoluées après les vingt-deux sessions vers une co-organisation avec l’institut de formation en psychomotricité de Montpellier, dès l’ouverture de celui-ci. Le thème « émotions et motricité » a été proposé lors de la précédente JOP qui s’est déroulée l’année passée à l’université de Montpellier. Nous avions alors proposé aux participantes et participants de nous faire part de leur préférence parmi plusieurs thématiques, celle-ci a été élue.
Le lien entre « émotions et motricité » est au cœur de la psychomotricité. L’intérêt porté aux liens entre corps et psyché remonte à l’Antiquité (voir les travaux d’Aristote), mais c’est surtout au début du XXe siècle que des psychologues, notamment Henri Wallon, travaille sur les aptitudes motrices et sociales de l’enfant et le lien avec ses émotions. Cette approche a posé les bases théoriques et pratiques de la psychomotricité en France. Depuis, les connaissances dans ce domaine se sont grandement développées. L’objectif de ce congrès est de proposer une actualisation de ces connaissances à la lumière des recherches scientifiques actuelles, de mettre en lien une réflexion autour des enjeux théoriques et cliniques, et d’enrichir la pratique des psychomotriciens.
Le programme fait intervenir des chercheurs de plusieurs universités françaises sur des sujets variés, de la maladie de Parkinson au développement de l’enfant en passant par la musique. Comment ces différentes interventions permettront-elles d'éclairer le lien entre émotions et motricité ?
Nous avons choisi d’inclure dans notre programme des chercheurs issus de disciplines variées — sciences du mouvement, neurosciences, psychologie — afin d’aborder la question sous des angles complémentaires. Cette diversité nous permet d’explorer des dimensions multiples : les mécanismes fondamentaux, le développement typique et atypique, ainsi que les troubles neurodéveloppementaux ou neuro-évolutifs, et ce, tout au long de la vie. En croisant ces regards pluridisciplinaires, nous espérons enrichir la compréhension des troubles psychomoteurs et proposer des pistes innovantes pour leur diagnostic et leur prise en charge.
Depuis les travaux pionniers de Wallon dans les années 1920-1930 jusqu'aux recherches contemporaines, comment notre compréhension du lien émotions-motricité a-t-elle évolué ? Quels sont les apports récents les plus marquants que cette journée permettra de découvrir ?
Depuis les travaux pionniers d'Henri Wallon, les connaissances ont été nourries par les découvertes des neurosciences et de la psychologie cognitive. Cette journée sera l’occasion de faire le point sur les modèles actuels qui expliquent comment nos émotions influencent nos actions. On y découvrira aussi des avancées importantes, comme la manière dont l’effort cognitif et l’anxiété agissent sur les circuits moteurs, ou encore l’importance du mouvement dans le développement de la reconnaissance des émotions dans l’enfance.
Un autre point-clé de la JOP, dont la portée clinique est forte, sera le travail de recherche portant sur l’effet de la sonification musicale vers une amélioration du contrôle moteur chez des patients atteints de la maladie de Parkinson.
Quelles applications concrètes ces connaissances sur le lien émotions-motricité peuvent-elles avoir dans la pratique quotidienne des psychomotriciens ? Y aura-t-il des retours d'expériences cliniques ?
Plusieurs retours d’expérience clinique seront partagés, concernant la prise en charge de la peur de tomber chez les personnes âgées, ou l’efficacité de protocoles thérapeutiques utilisant la danse ou la pleine conscience. Des interventions aborderont aussi les troubles liés au stress post-traumatique, à la dépression et à l’anxiété. Nous avons également veillé à ce que chaque intervention soit suivie d’un temps d’échanges entre les intervenants et les personnes venues assister à la journée. Nous espérons par là favoriser la prise en compte des informations théoriques par les cliniciens dans leurs pratiques.
Notre ambition est d’apporter aux étudiants et aux psychomotriciens une base théorique solide pour construire une compréhension approfondie des patients et proposer des axes de prise en charge pertinents et adaptés. Nous sommes convaincus que la recherche et la clinique sont intimement liées dans notre domaine, elles ne peuvent s’envisager séparément et doivent se construire en étroite synergie pour enrichir à la fois notre compréhension des patients et la pertinence de nos pratiques.