Publié le 25 mars 2024 Mis à jour le 9 avril 2024

Wendy Le Mouëllic, doctorante UT3 à l'Institut de pharmacologie et biologie structurale (IPBS - CNRS/UT3) qualifiée pour la finale nationale du concours de vulgarisation scientifique « Ma thèse en 180 secondes », sera sur scène à l'Opéra de Nice le 5 juin, où elle présentera sa thèse en 3 minutes chrono. Nous lui avons posé quelques questions, après la finale régionale toulousaine où elle a décroché le prix du public.

 

Vous avez reçu le prix du public pour la présentation de votre thèse "Caractérisation des voies d’acquisition du soufre et de la biosynthèse de cystéine de Mycobacterium tuberculosis pendant l’infection". Pouvez-vous expliquer ce titre et votre sujet ?


Le soufre est un élément chimique, tout comme le carbone ou l’azote, dont Mycobacterium tuberculosis, la bactérie responsable de la tuberculose, a besoin pour composer certaines molécules, en particulier la cystéine qui est un acide aminé (une brique élémentaire des protéines, mais qui joue également d’autres rôles très importants pour la bactérie). Globalement, ma thèse peut être résumée en deux questions : premièrement comment Mycobacterium tuberculosis obtient du soufre pendant l’infection ? C’est-à-dire que je cherche à identifier les molécules soufrées utilisées par la bactérie et la manière dont elle les acquiert, via quels transporteurs. Puis, comment ces molécules contenant du soufre sont transformées en cystéine ? En effet la source utilisée pourrait être directement de la cystéine mais également des formes plus « simples » à partir desquelles la bactérie doit « fabriquer » sa propre cystéine via des voies dites de biosynthèse.

Tout l’enjeu est donc d’identifier les sources et les voies métaboliques effectivement utilisées par la bactérie lorsqu’elle réside dans les poumons afin de potentiellement trouver un nouvel angle d’attaque pour lutter contre ce pathogène. Si après tout ça, ce n'est toujours pas clair, vous pouvez me revoir sur scène lors de la finale régionale !


 

En quelle année de thèse êtes-vous et quel a été votre parcours d'études depuis le bac ?


Je suis actuellement en 4ème et dernière année de thèse, je ne vais d’ailleurs pas tarder à écrire mon manuscrit et je soutiendrai normalement à l’automne 2024. En ce qui concerne mon parcours d’études, après le bac j’ai passé deux ans en classe préparatoire BCPST, au lycée Jean-Baptiste Say, à Paris, à l’issue desquelles j’ai pu intégrer l’Ecole normale supérieure Paris-Saclay. J’y ai effectué une licence 3 et un master 1 biologie-santé. Puis j’ai obtenu l’agrégation biochimie-génie biologique en 2019 et enfin j’ai réalisé mon master 2 microbiologie fondamentale à l’Université de Paris. J’ai rejoint l’IPBS à Toulouse pour mon stage de M2 et c’est là que j’ai commencé à me pencher sur le cas de Mycobacterium tuberculosis… 
 

Qu'est-ce qui vous a motivé à participer à MT180 ? Aviez-vous déjà fait de la vulgarisation avant ?


J’ai découvert MT180 grâce à Jeanne Chauvat, également doctorante à l’IPBS, qui a fait une superbe prestation et est allée jusqu’en finale de MT180 l’année dernière ! Suite à sa participation, l’IPBS a organisé un mini-concours inspiré de MT180 lors de la retraite du laboratoire. Je n’y ai pas participé mais j’ai commencé à me demander comment je pourrais présenter mon propre sujet d’une manière compréhensible et intéressante pour le plus grand nombre. Et quand les inscriptions se sont ouvertes pour l'édition 2024… je me suis laissée tenter ! Je n’avais jamais vulgarisé à proprement parler mon sujet auparavant, même s’il faut bien trouver un moyen de l’expliquer lors des repas de famille. C’est d’ailleurs en s’inspirant des échanges que l’on peut avoir avec des personnes qui ne sont pas du tout du domaine qu’on arrive à cibler la meilleure manière d’aborder le sujet et les questions qui reviennent le plus, du type « mais ça existe encore la tuberculose ?! ». Hé oui !
 

Que diriez-vous aux doctorantes et doctorants qui hésitent à se lancer dans MT180 ?


Je leur dirais de se lancer et de réfléchir après ! C’est une super expérience qui nous permet de prendre du recul sur notre thèse. Après 3 voire 4 ans focalisés sur le même sujet et la tête dans nos expériences, essayer d’expliquer un sujet qu’on connaît dans les moindres détails à quelqu’un qui n’en a jamais entendu parler nous pousse à revenir à l’essentiel, au point de départ de toutes nos hypothèses. De plus, c’est une manière vraiment différente de présenter notre travail et c’est très valorisant d’entendre des gens nous dire « j’ai tout compris ! ». Ce qui est génial, aussi, c’est de rencontrer plein de doctorants avec qui on peut échanger sur l’expérience de la thèse, et de découvrir des sujets très variés et très éloignés de notre domaine !  

Mise à jour 2 avril

Wendy s'est qualifiée pour la finale nationale qui se tiendra à l'Opéra de Nice le 5 juin.